Une sculpture par jour en 2013


Un défi créatif sur 365 jours

 

En 2013, j’ai voulu célébrer au jour le jour le 10ème anniversaire de la révélation de ma vocation de sculpteur en créant une sculpture par jour.

 

Ce défi quotidien, qui me paraissait anodin, amusant et presque anecdotique dans les premiers jours du mois de janvier, s’est rapidement transformé en une aventure humaine et artistique exigeante et riche en découvertes.

 

En me confrontant quotidiennement à mes motivations, mes possibilités, mes limites ainsi qu’au temps qui passe, j’ai ouvert une nouvelle porte sur ma créativité.

 

Telle une aventurière moderne, j’expérimentais chaque jour de nouveaux matériaux qui devaient donner vie à des personnages en mouvement et je testais ma résistance, ma ténacité, ma volonté. 

 

Chaque sculpture devait être commencée et terminée le jour-même, entre mon lever et mon coucher. C’était la règle absolue et y déroger une seule fois aurait tout simplement annulé, dissolu, invalidé mon œuvre en construction. 

 

Je serais alors retournée avec une sensation d’échec à la case départ, au pied de cette montagne virtuelle dont l’ascension me paraissait parfois légère et facile, parfois très longue et fastidieuse.

 

Tenant mon œuvre entre mes mains, j’avais l’impression d’apprivoiser, de dompter, de sculpter le temps, ce métronome imperturbable, cette matière impalpable qui se gagne, se perd, se donne, se prend, se rattrape, et nous échappe parfois complètement, comme si c’était lui le chef d’orchestre de notre vie.

 

Jonglant entre la maîtrise de ce compagnon facétieux et le « lâcher prise », je devais faire confiance, écouter mon intuition et en même temps surveiller l’horloge afin de réussir mon pari.

 

Au mois de juillet, après six mois de création et de réflexion dans la solitude de mon atelier, j’ai décidé de me lancer dans une nouvelle expérience, « un défi au sein du défi », avec l’écriture d’une chronique quotidienne partagée sur mon blog.

 

J’ai ainsi ouvert les coulisses de ma création, en racontant mon monde intérieur avec des mots mais également en créant et en photographiant mes sculptures « hors les murs » de mon cocon artistique, dans le « monde extérieur », au cœur de la vie quotidienne, à Paris, mais également dans diverses régions de France, ainsi qu’à Londres et à Lisbonne, sous le regard du public.

 

Chaque jour, quel que soit le temps, je sortais de chez moi avec mon carnet de notes, mon appareil photo ainsi qu’un sac rempli de matériaux et ustensiles destinés à donner naissance à ma sculpture. Je partais à l’aventure, à la recherche de l’inspiration. 

 

J’inventais des « ateliers éphémères » dans des emplacements aussi variés que des jardins, des musées, des stations de métro, des théâtres mais aussi des plages ou des champs isolés en pleine campagne. Dans la mesure du possible, j’essayais de travailler en plein air, en contact avec les éléments, la nature, la ville, les gens. 

 

Dans mon petit carnet, je notais mes impressions, mes pensées, mes envies, mes rencontres. J’écrivais avant et après la création de ma sculpture, parfois pendant. 

 

Une fois créée, ma sculpture m’accompagnait partout, je la mettais en scène, je lui donnais vie grâce à la magie de la photographie, toujours in situ, sans trucage ni retouches. 

 

Issue de mon imaginaire, elle devenait bien réelle, et se transformait en géante pour incarner mes rêves, dansant avec la Tour Eiffel ou s’envolant au-dessus des vagues comme un oiseau. 

 

Au fur et à mesure de ces journées, mon projet créatif protéiforme a pris de l’ampleur, de la consistance, il s’est rempli de sens, il est devenu un art de vivre, et je suis moi-même devenue « matière ».

 

Alexandra Fadin

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