Rome et la Villa Médicis


DU REVE A LA REALITE

 

En arrivant à la Villa Médicis, j’ai tout de suite été submergée par une forte émotion. 

 

Ce lieu, que je découvrais pour la première fois, me semblait étrangement familier, comme si des racines souterraines me liaient naturellement et profondément à lui et qu’il avait le pouvoir de me révéler pleinement mon potentiel, de m’ouvrir de nouvelles portes et de féconder mes projets pour me permettre d’aller plus loin sur mon chemin de femme et d’artiste.


LE LION DES MEDICIS


En créant des sculptures sur place, je me suis sentie connectée aux éléments, à l’architecture, aux collections d’oeuvres d’art et à l’histoire de la Villa. J’ai voyagé dans le temps tout en m’ancrant dans une réalité à la fois concrète et fantasmée, cherchant à décrypter ou inventer des signes de connivence.

Mis à part une fascination commune pour les astres et les Etrusques, y aurait-il un rapport privilégié entre les Médicis et mes « Femmes  Planètes », concentré au sein de ce symbole sphérique que le lion semble vouloir à la fois protéger et exhiber?


LA CHAMBRE 13

En choisissant la chambre 13, je ne savais pas que j’allais dormir dans une oeuvre d’art somptueuse et entrer d’une manière allégorique et physique dans l’histoire. 

Cet espace-temps exceptionnel, orné de fresques sublimes de Jacopo Zucchi, est devenu mon atelier, mon studio de danse, mon salon d’écriture et mon poste d’observation sur la Ville Eternelle.

Près du piano de Debussy, tout en inventant des chorégraphies inspirées des Etrusques, je visualisais des vidéoprojections de photographies sur ses murs libres d’accueillir l’imaginaire d’un artiste contemporain.


L’ATELIER DE MODELAGE AVEC LES ENFANTS  


Après un parcours de découverte des sculptures du jardin, les enfants, âgés de 7 ans, devaient réaliser un bas-relief représentant une figure mythologique.


Raffaele a choisi Hermès, Luigi et Ivana, Mercure, et Silvia, Vénus.


TRANSMISSION ET PARTAGE

Dans la transmission de l’expérience du modelage, le discours des mains qui caressent doucement l’argile du bout des doigts ou la réveillent, la structurent et lui ôtent de la matière à l’aide d’outils est plus efficace que des mots. 

Pendant cet atelier avec les enfants, j’ai rapidement constaté que ma faible maîtrise de l’italien n’était pas un obstacle puisque nous parlions eux et moi le même  langage, celui de l’enthousiasme, de la création, de l’amusement et de l’imagination. Cette énergie, universelle, est celle qui nous transforme en citoyens du monde.


RETOUR A L’ARGILE

Transportée par les sensations du contact retrouvé avec l’argile fraîche et onctueuse, j’ai suivi mon inspiration pour créer une sculpture, sous le regard émerveillé des enfants qui fixaient mes mains donnant vie à la matière comme s’il s’agissait d’une séance de magie.

L’un d’eux a réalisé une caricature amusante de ma créature tandis que les autres sont venus à tour de rôle s’exprimer pour me raconter l’histoire de ma sculpture. Certains y ont vu Vénus, d’autres la Sirène du jardin de  la Villa, tandis que d’autres encore m’ont vue moi, l’artiste. Je me suis alors demandé où se situait la vérité. Du côté de l’artiste, du spectateur ou à mi-chemin?


LA SUITE, EN MOUVEMENT ET HORS LES MURS

Cette expérience, aussi galvanisante et instructive pour les enfants, les maîtresses, l’animatrice de l’atelier (la charmante et pétillante Selene) que pour moi, m’a inspirée dans la construction de mes scénarii d’ateliers sur la matière et le mouvement qui font interagir mon vécu de la danse avec celui du modelage, dans une démarche de transmission.


Lorsque je reviendrai, j’honorerai l’invitation qui m’a été faite de me rendre dans l’école de ces enfants pour vivre un nouveau

moment de partage, cette fois-ci à l’extérieur de la Villa. 


HISTOIRES DE FANTOMES  


L’histoire du fantôme de Messaline errant sur le site de la Villa Médicis m’a fortement intriguée et je suis persuadée qu’elle s’est enfouie insidieusement dans la matière inconsciente de mes créations nocturnes.


Lors de mes mises en scène photographiques, le mystère et l’imprévu sont toujours des ingrédients bienvenus et presque nécessaires pour compléter la technique et sublimer la touche artistique. Il faut être tenace et pratiquer longuement pour les attirer à soi et leur faire confiance.


LA CAFFETERIA, UN LIEU DE RENCONTRES AVEC LES « VIVANTS »

A la Villa Médicis, le mélange est étrange. D’un côté le temps s’est arrêté et des siècles d’Histoire imposent leur présence. De l’autre, la vie moderne et contemporaine s’y exprime au travers d’une communauté d’artistes, de chercheurs et d’employés, que l’on peut apercevoir dans l’atmosphère feutrée, détendue et studieuse de la Caffeteria dans laquelle les visiteurs se glissent avec discrétion. Ma rencontre inspirante et  stimulante avec Raffaele, compositeur, m’a permis d’imaginer les interactions possibles entre les pensionnaires.


LA GYPSOTHEQUE


Peuplé de créatures d’une blancheur immaculée et intemporelle, ce temple de la sculpture est un concentré d’histoire et de création qui m’a instantanément replongée dans l’atmosphère des ateliers de moulage et de modelage.

En caressant les muscles d’un torse antique, notre conférencière s’est sentie transportée au coeur d’un  événement tragique. Ce moment m’a inspiré le contenu de nouveaux ateliers qui questionnent la perception des oeuvres à travers le toucher et le mouvement.


SOUS LE REGARD DE LA DEESSE ROMA

 

En photographiant la Déesse Roma, j’ai eu l’impression troublante qu’elle était vivante et me regardait vraiment.

Comme si elle percevait et comprenait la connexion énergétique et créative qui me lie à la Villa Médicis et à ses « habitants ». 

 

En abandonnant ma sculpture en argile dans l’atelier des enfants, comme une empreinte du temps partagé, c’est une partie de moi que j’ai laissée sous la protection de la déesse. 


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Commentaires: 1
  • #1

    Sylvie Debray (dimanche, 29 mars 2015 12:08)

    Magnifique travail et parcours! Je suis très intéressée de découvrir les nouveaux ateliers inter-actifs . Sylvie Debray Sculpteur