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Pourquoi une sculpture par jour en 2013

« Projet A.Fadin 2013 : Une sculpture par jour »

 

A la fin de l’année 2012, je cherchais à mieux m’organiser pour créer plus et j’ai décidé de me lancer un challenge pour l’année 2013 en m’imposant de créer une sculpture par jour.

 

Une manière originale de célébrer tout au long de l’année mes 10 ans de sculpture et de défier le temps qui passe toujours trop vite.

 

Avec une règle stricte : chaque sculpture doit être commencée et terminée le jour-même, quels que soient mon planning, mon état (physique, mental, émotionnel…) et ma localisation géographique.

 

Impossible d’utiliser des sculptures en cours de création, ou de reporter les finitions à un autre jour.

Impossible de ne pas créer un jour et de faire deux sculptures le lendemain.

 

C’est dans un mélange d’amusement, de curiosité et d’inquiétude que j’ai commencé le 1er janvier mon projet 2013.

Chaque jour est porteur de suspense pour moi car je ne sais jamais à l’avance si je vais effectivement réaliser ma sculpture, ni à quoi elle va ressembler ou dans quel matériau elle sera réalisée.

 

Mon projet 2013 me permet d’instaurer une rigueur, une discipline et une dynamique dans mon travail de création.

Chaque jour je me découvre dans ce rituel, j’explore de nouveaux mouvements, je teste de nouvelles matières. Et cette démarche est très féconde pour le reste de mes créations.

Paradoxalement, c’est une grande liberté qui naît de cette contrainte.

 

Je prends mieux la mesure du temps qui passe (quel jour est-on ? combien de temps ai-je passé sur ma sculpture ?), et des 24 heures (seulement) qui composent une journée. Ce temps que l’on peut « perdre », « gagner » ou « prendre », j’essaie chaque jour d’en inventer un peu, d’en sauver une partie dans mon travail de création.

 

Chaque sculpture de mon projet 2013 a son identité et est pourtant liée aux 364 autres par cette expérience, ce mode opératoire et aussi par le temps, la chronologie.

Les mois deviennent des groupes, avec leur histoire que je suis heureuse de partager avec le public dans le cadre de diverses expositions et salons.

 

 

Alexandra Fadin

janvier 2013

 


« Mon travail de création »

(avant 2013)

 

 

La création telle que je la vis est une démarche très concrète mais également irrationnelle car il faut que je me trouve dans un état disponible et inspiré, avec une réserve de temps suffisante devant moi pour suivre le fil conducteur et me laisser porter par ce qui vient dans cette succession d’instants, un espace-temps à part, libre, et sans contraintes. Il faut aussi que le désir soit au rendez-vous.

Ainsi, même si chaque jour j’ai des idées et construis mes œuvres dans mon imaginaire, ces projections à la fois conscientes et inconscientes de nouvelles sculptures ne se retrouvent pas immédiatement incarnées dans la matière car j’attends le bon moment et les bonnes conditions pour passer à l’acte.

Et puis il y a la peur : de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à faire ce que je voudrais, de ne pas être inspirée… Cela aussi contribue à reporter le moment de créer.

Les jours passent, l’attente et la frustration nourrissent le désir, et quand enfin arrive le moment de créer c’est un grand moment de bonheur et en même temps un saut dans l’inconnu.

 

Sur certaines périodes, il m’arrive pourtant de créer chaque jour, dans diverses directions.

J’aime travailler sur plusieurs sculptures en même temps, passer d’un grand format à un plus petit et inversement. J’ai ainsi de nombreuses sculptures inachevées qui se côtoient dans mon atelier.

Car mon travail est une recherche permanente. Comment incarner le mouvement, donner vie à la matière ? Dès que je m’en approche, je deviens boulimique et j’ai envie de nouveaux mouvements. Parfois aussi je ne suis pas inspirée pour continuer une sculpture ou je suis insatisfaite de mon travail alors je commence une autre création en espérant trouver un nouvel élan.

Il peut s’écouler des semaines, des mois, des années avant qu’une œuvre soit terminée.

Quand le mouvement général me convient et que la sculpture est presque achevée, je reporte souvent les finitions car cela m’intéresse moins que de donner naissance à l’œuvre. J’aime quand tout est possible, quand je peux me laisser porter par mes rêves et mon imagination. Au moment des finitions, le voyage est quasiment terminé, on se retrouve dans le concret et la technique. C’est une étape très importante du travail mais moins stimulante au niveau de la créativité. Pendant cette phase plus rationnelle, je vais porter un regard critique sur mon œuvre, la scruter sous tous les angles, et à un moment je déciderai qu’elle sera terminée et elle le sera vraiment, je n’y toucherai plus. Elle existera enfin !

Ensuite, elle sera stockée, je la regarderai plus tard avec du recul pour évaluer sa place parmi les autres œuvres. Je déciderai peut-être de la montrer (en photo ou sur une exposition), d’en faire un bronze ou une résine.

 

Alexandra Fadin

janvier 2013

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